Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lorraine, en 1556, Meudon qui a été retouché par Mansart et Le Nôtre ; pour Catherine de Médicis, il commença les Tuileries, dont il fut gouverneur. Sa position l’avait gâté. Ronsard, que son orgueil avait aussi choqué, lui décoche une satire sanglante dont le titre seul, la Truelle cassée, en faisant allusion à ses fonctions de maçon et à sa dignité d’abbé, est une vive épigramme.

Claude Binet, dans sa Vie de Pierre Ronsard, ratonte que, pour se venger de ces traits mordants, Philibert de l’Orme fit un jour fermer aux Tuileries la porte à Ronsard qui suivait Catherine de Médicis. Le poëte, à qui le sieur de Sarlan la fit aussitôt ouvrir, écrivit en lettres capitales :

FORT. REVERENT. HABE.

De l’Orme, se croyant bafoué dans ses dignités ecclésiastiques, va se plaindre à la reine. Ronsard mandé explique que ces trois mots qui, lus en français, fort révérend abbé, conviennent très-bien à l’abbé de Livry, sont les abréviations d’un vers d’Ausone qui lui sied encore mieux en latin :

FORTUNAM REVERENTER HABE.
Sache porter la fortune avec modestie.

paroles dont un homme élevé par la fortune doit toujours se souvenir.

Le malin potier ne pardonna pas à Philibert de l’Orme son arrogance et peut-être ses vexations. Comme il triomphe dans son Traité des eaux et fontaines de l’échec de son rival à Meudon ! « Ie sçay qu’il y a eu de notre temps un architecte françois,