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« 11 maii. — Mane profecti sunt Legati ad hortum Reginæ, dictum la Tuillerie... »

Le 11 mai au matin, les ambassadeurs se rendent au jardin de la Reine nommé la Tuilerie pour présenter au roi leurs lettres de créance et solliciter la paix. Le jardin sans doute alors s’étendait jusqu’au Louvre. Tout naturellement ils en font la description. Le jardin est fort vaste et très-agréable. Une large voie le partage en deux parties, plantées de chaque côté d’arbres élevés, ormes et sycomores, qui fournissent de l’ombre aux promeneurs. Il s’y trouve un labyrinthe tracé avec tant d’art qu’une fois entré on en sort difficilement. On y voit des tables faites de branches et de feuilles, des lits, etc. Ce qui est étonnant, c’est que ce labyrinthe est presque en entier formé de cerisiers courbés. Dans ce jardin sont plusieurs fontaines avec des nymphes et des faunes qui tiennent des urnes d’où l’eau s’échappe. Une surtout est remarquable. C’est un rocher sur lequel courent divers reptiles, serpents, limaçons, tortues, lézards, crapauds, grenouilles, et toute espèce d’animaux aquatiques. Eux aussi versaient de l’eau. Même on eût dit que du rocher lui-même suintait de l’eau. C’est à grands frais et avec beaucoup d’habileté qu’on est parvenu à faire tout cela. Et pourtant, parce que personne n’en prend soin, la destruction en est imminente[1].

  1. Il faut citer le texte latin qui donne ces derniers détails : « Sed inter cæteras fuit exstructus fons instar rupis, in qua rupe ex opere figulinario erant confecta varia animalis, veluti serpentes, cochlæ, testudines, lacerti, crapones, ranæ et omnis generis animalium aquatium. Quæ animalia aquam ex ore fundebant. Quin ex rupe ipsa videbatur exsudare aqua. Hæc maximis impensis et miro artificio fuerant parata ; munc autem, quia nemo exeolit, ruinam minantur