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sent quelque cognoissance : car ils estoient soigneux de garder leurs fruits, comme la femme son petit enfant, et entre les autres, i’apperceu la vigne, les concombres et poupons qui s’estoient fait certaines feuilles, desquelles il couvroyent leurs fruits, craignans que le chaud ne les endomageast... lesquelles choses me donnaient occasion de tomber sur ma face et adorer le viuans des viuans, qui a fait telle chose pour l’utilité et service de l’homme... Ie sortois du iardin, pour m’aller pourmener à la prée, qui estoit du côté du Sus ; ie uoyois iouër, gambader et penader certains agneaux, moutons, brebis, cheures et cheureaux, en ruant et sautelant, en faisant plusieurs gestes et mines estranges ; et mesmement me sembloit que ie prenois grand plaisir à voir certaines brebis vieilles et morueuses, lesquelles sentent le temps nouveau, et ayant laissé leurs vielles robbes, elles faisoyent mille sauts et gambades en la dite prée. »

Dans ce jardin seront neuf cabinets, ornés d’ouvrages en terre cuite et émaillé. Les dispositions naturelles du sol y seront encore embellies par des plantations d’arbres, et l’architecture y jettera ses merveilles. Partout des inscriptions, tirées de l’Écriture, y rappelleront la pensée du Créateur, au milieu des œuvres de l’homme ; car il ne faut pas que, dans ce nouveau paradis terrestre, l’exilé puisse oublier la patrie véritable.

« Le jardin de Palissy, ajoute M. Duplessy, est une véritable œuvre d’art..... c’est le rêve d’un sensualisme grandiose et délicat, et qui, de la nature tant