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son château d’Écouen, était détenu dans la prison de Bordeaux, employa son influence auprès de la reine mère. À sa recommandation, Catherine, aimant les arts comme une Médicis, fit délivrer à maître Bernard le brevet « d’inventeur des Rustiques figulines du roi, » titre fort semblable à celui de faiseur des rustiques figulines du roi, qu’un continuateur de Palissy obtint plus tard sous la minorité de Louis XIII. Désormais le potier faisait partie de la maison du roi ; il échappait ainsi à la juridiction du parlement de Bordeaux. Son procès était indéfiniment ajourné. Son art le sauvait une première fois. « Et vraiment, dit M. Duplessy, le connétable avait paré sa protection de toutes les grâces délicates d’une flatteuse attention en rendant à Palissy sa liberté au nom même et sur la prière de son talent. » Le potier fut reconnaissant.

La paix d’Amboise, du 19 mars 1563, acheva d’enlever toute crainte à l’émailleur délivré. Il put de nouveau cuire ses vases, et reprendre ses promenades sous les aubarées et dans les prairies de la Charente.

Ici s’arrêtent l’épisode de la persécution religieuse que Bernard Palissy eut à souffrir en Saintonge et le récit des commencements de la Réforme, dont il a été l’historien. Que de faits lamentables il y aurait encore à raconter, si l’on avait du goût pour le tableau rétrospectif des fureurs de cette sanglante époque ! Mais évitons les récriminations inutiles et les déclamations intempestives. Elles fomentent les haines, aigrissent les cœurs, entretiennent l’antagonisme, sans profit pour la charité. Aussi n’ai-je dit que ce qui était strictement nécessaire pour la clarté