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Le corps de ville fut plus rigoureux. Il décida que l’atelier du potier qui avait servi de réunion clandestine serait jeté bas, quoiqu’il eût été construit en partie aux frais du connétable.

Il serait bien intéressant d’avoir cette délibération de l’échevinage de Saintes. Mais les registres municipaux du milieu du seizième siècle ont pour la plupart disparu. Les autres archives, sous prétexte de classement, ont été transportées à la Rochelle, où les termites les dévorent[1].

Nous sommes donc forcés d’en croire Palissy sur parole. Et cependant à la tête de l’édilité saintaise se trouvait alors Pierre Goy, seigneur de la Besne, déjà maire en 1553. Pierre Goy, avocat, « bourgeois et échevin de cette ville de Xaintes, » mais poëte latin et français, était un ami de Palissy. C’est lui qui donna un jour à l’artiste (p. 38) des ammonites trouvées à sa métairie. Enfin Pierre Goy était zélateur de la Réforme. Il me paraît difficile qu’il ait pu consentir à laisser détruire ainsi l’atelier de son ami et coreligionnaire. Toutefois la délibération, si elle fut prise, n’eut aucun effet. Antoine de Pons et son épouse, Marie de Montchenu, prièrent le maire et les échevins de « n’exécuter leur intention. »

Les protecteurs du potier, en préservant son atelier de la ruine, ne négligeaient pas le soin de son propre salut. Le connétable Anne de Montmorency, apprenant que son artiste aimé, le décorateur habile de

  1. En 1865, vingt-quatre liasses attaquées ont dû être, le conseil général l’a constaté, brûlêes pour préserver le reste. — Délibérations du conseil général, page 212, séance du 26 août 1865.