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dans cette dignité le 5 décembre 1553, il avait deux fois représenté le clergé de Saintonge auprès du roi, et plaidé les intérêts de la religion romaine. Le zèle qu’il avait déployé dans ces missions lui valut la haine des dissidents ; plusieurs fois ils tentèrent de le faire périr. Il avait vu massacrer le neveu de son évêque, Jacques de Bizet, vicaire général, dans la surprise de 1562 ; lui, avait été assez heureux pour échapper à leurs coups. Il mourut le 24 avril 1584. Les registres du chapitre faisaient de lui le plus grand éloge. Peut-être la pensée du péril évité avait-elle augmenté sa haine de l’hérésie ; mais ce sentiment est trop naturel pour être blâmé, et rien ne prouve qu’il ait entraîné le doyen à un acte tant soit peu regrettable. Ce parent du doyen, juge au présidial de Saintes, dont parle Palissy, était son frère, Charles Guitard, seigneur des Brousses, dont les descendants subsistent encore à Saintes et en Angoumois. Charles Guitard, né en 1519, sénéchal de robe longue, était alors lieutenant criminel. En 1572, il devint lieutenant général et rendit à la province d’importants services. Après avoir exercé quarante ans la magistrature, riche, aimé de ses nombreux amis, il renonça au monde, se consacra tout entier à Dieu, et, pendant onze ans qu’il vécut encore, remplit avec la plus sincère piété les fonctions de doyen dans la cathédrale de Saintes[1].

  1. Quand il mourut, à l’âge de soixante-dix-neuf ans, 10 novembre 1598, le chapitre, pour reconnaître ses services et ceux de son frère, décida que la chapelle Saint-Thomas, aujourd’hui Saint-Michel, servirait désormais de sépulture à la famille. L’inscription qui rappelle ses titres est en latin : elle est longue. Voici en français les deux distiques grecs qui la terminent :

    Les biens dont a joui mon heureuse existence,
    Mourant à mes parents je les ai tous laissés ;
    Et cette tombe, abri de mes membres glacés,
    Après tant de richesses est ma seule opulence.

    C’est aux libéralités de Charles Guitard qu’est due la fondation du collège de Saintes, qui possédait encore trente mille livres de rente en 1789.