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venait de remplacer dans cette charge Frédéric de Foix, comte de Candale et baron d’Estissac. De Barbezieux, où il avait espéré trouver Duras, il poussa jusqu’à Saintes avec l’intention de remettre cette ville au pouvoir de ses habitants. C’était fait. Il rendit (octobre 1562) au culte romain les églises de Saint-Pierre et de Saint-Eutrope, confisqua les biens des huguenots, et mit garnison dans la place.

C’est de la joie triomphante des papistes que parle Palissy quand il dit (p. 111) : « Il sortit certains diabletons du chasteau de Taillebourg qui faisoyent plus de mal que non pas ceux qui estoyent diables d’ancienneté. Eux entrans en la ville, accompagnez de certains prestres, ayans l’espée nue au point, crioyent : Où sont-ils ? Il faut couper gorge tout à main. Toutefois, il ne périt qu’un Parisien qui auait bruit d’auoir de l’argent. »

On reconnaît bien l’écrivain huguenot dans cette mise en scène. Ces cris ne l’effrayaient pas pour ses coreligionnaires, car ils s’étaient tous enfuis, mais un peu pour lui-même. Deux mois, il se tint prudemment à l’écart, caché dans son atelier, travaillant à perfectionner l’émail déjà trouvé, et fort épouvanté, « voyant que les portefaix et belistreaux estoyent deuenus seigneurs aux depens de ceux de l’Église reformée. »

Ce qui parut lui causer la plus grande inquiétude — et qui ne pouvait pourtant être bien terrible — ce furent les simulacres de combat que, chaque jour, sur la place près de laquelle était sa maison, se livraient deux troupes de petits drôles ; « iectans des pierres les vns contre les autres, ils iuroyent et blasphemoyent