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trahison. « On estoit à la veille de la Pentecôte ; et à la cathédrale on faisoit de l’eau bénite... Feu M. de Pérignat, de la maison de Pons, archidiacre de Xaintonge et chanoine de la dite église, faisoit ce jour-là la bénédiction qui fust abandonnée de tous messieurs, fors de M. Goumard et du diacre et soubz-diacre, mesme jusques aux choristes qui s’enfuirent à cauze de la grande alarme qui estoit en la ville, et quittèrent là le dit Pérignat qui ne bougea de parachever la dite eau bénite et de dire la grande messe. »

Les assaillants n’avaient pour armes que des bâtons ferrés. Ils s’en servirent : plusieurs prêtres furent assommés. La plupart des églises éprouvèrent des dévastations. Les portes de la cathédrale fermées furent enfoncées ; les autels furent renversés, les tableaux déchirés ; les livres qui « estoient tous garnis d’argent, le couvercle et le dedans estoient escrits en velin, » les papiers, les titres du chapitre, brûlés. On avait eu soin de cacher les reliques ; elles purent échapper cette fois. Saint-Eutrope et Saint-Pierre furent transformés en temples ; à l’entrée du chœur de Saint-Pierre, on dressa une estrade où vinrent pérorer les principaux de la troupe. C’est sans doute ce qui a donné lieu à cette assertion de Théodore de Bèze, que les deux cultes « en plusieurs lieux » de la Saintonge et de l’Angoumois vécurent fraternellement dans le même édifice, et que « les catholiques qui venoient d’ouïr chanter la messe, rencontrèrent les réformés qui se rendaient à l’exhortation. » Cela eut lieu à la Rochelle. Les papistes se servirent de la seule église dont on leur laissait la disposition