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démence, envahit l’abbaye, saccage l’église ; brise chaire, autels, stalles, pupitres, croix, statues ; brûle livres, bannières, images, ornements, reliques, la riche bibliothèque des bénédictins et les archives du monastère ; défonce les tonneaux des caves et enivre la populace. Ce fut pendant quelques jours une orgie dégoûtante. À pleines voitures on chargea tout ce qui put être enlevé : blé, vin, cloches, linges, meubles et ustensiles. Des religieux, les uns furent liés comme des esclaves et livrés à d’infâmes tortures, les autres furent massacrés. L’abbaye devint le théâtre d’une véritable boucherie. Le curé de la ville, garrotté, fut promené par la ville au milieu des huées. Puis on l’étendit sur une couche de poudre ; il expira dans les plus affreux supplices. Enfin son cadavre fut jeté dans les fossés de la ville, après avoir subi les plus indignes mutilations[1].

Quel châtiment fut infligé à l’auteur de toutes ces atrocités ? L’année suivante, Arnauld Rolland fut condamné à mort par sentence du sénéchal de Saintonge Charles Guitard. Mais on trouva moyen de lui éviter la pendaison ; et même, grâce à la protection du prince de Condé, qui attesta qu’Arnauld Rolland avait agi par son commandement et pour le service du roi, il fut réhabilité. Ainsi les chefs du protestantisme acceptaient la complicité morale des violences et des crimes de leurs partisans. Près de là, en Angoumois, l’abbaye de Saint-Étienne de Bassac éprouva le même sort. Celle de Chastres fut complètement rui-

  1. Recherches topographiques et historiques sur Saint-Jean-d’Angely, par Guillonnet-Merville.