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apostat, nommé Jean Boisseau, natif de Chiron en Poitou, organise un consistoire au bourg de Saint-Pierre, et s’y marie avec une veuve de Marennes, Marie Renaudin, dont le fils Abraham Compagnon obtint le titre de diacre. Toutes ces prédications n’étaient pas faites pour calmer les passions. Aussi les protestants d’Oléron, appelant à leur secours leurs coreligionnaires de Marennes et d’Arvert, massacrent, sans provocation aucune, le prieur de Saint-Trojan à l’autel, les religieux de l’aumônerie de Saint-James, ceux de Saint-Nicolas, ceux de Notre-Dame et les cordeliers du Château. À la fin, les catholiques, las de tant d’avanies, effrayés de ces meurtres, se réfugièrent avec treize prêtres dans l’église de Saint-André à Dolus[1]. Assiégés bientôt par des forces supérieures, ils consentirent à se rendre, sous la promesse qu’il ne leur serait fait aucun mal. Une fois hors du lieu saint, ils furent tous massacrés, à l’exception de Pierre Collé, marchand de Dolus, et Jean Senné de la Gasconnière. Encore ne durent-ils leur salut qu’à l’intervention de quelques-uns de leurs parents qui se trouvaient parmi les égorgeurs[2].

À Saint-Pierre, raconte de Thou[3], les catholiques, qui s’étaient emparés du Château, furent bientôt chassés avec perte, « et il y eut un horrible carnage, quoique Jean Bouquin et Jean Bruslé, ministres, ne cessassent d’exhorter les habitants de l’isle à épar-

  1. Théodore de Bêze, liv. IX, t. II, page 822.
  2. Abrégé historique de l’établissement du calvinisme en l’isle d’Olleron, par Marc-Antoine le Berton, baron de Bonnemie, colonel général des milices de l’isle. — La Rochelle, 1660.
  3. Tome IV, page 202