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petits buletins et des livrets propres pour les séduire par dessus les murailles de leurs cloistres, ou, par le moyen de colporteurs, on leur faisoit tomber en main ce qu’on jugea propre à telles amorces. » Quand, attirés par les riantes perspectives qu’on leur offrait, quelques religieux et religieuses avaient fui leur couvent et s’étaient mariés, « la pauvreté les assailloit. » Alors ils demandaient leur existence au métier qui la leur avait enlevée. « Ils se faisoient colporteurs de livres, quinquailleurs, regens, ministres. » (Liv. VII, page 916, 917.)

Philebert Hamelin, qui avait été gagné en Touraine ou en Poitou par quelque disciple de Calvin, était venu en Saintonge dès l’année 1546. Avec trois prêtres ou religieux qui avaient, comme lui, jeté le froc aux orties, il avait parcouru le littoral. Tous ils feignaient un métier ou « regentoyent en quelque village (page 100), et parce que les isles d’Olleron, de Marepnes et d’Alleuert, sont loin de chemins publics, il se retirera en ces isles là quelque nombre desdits moines, ayans trouvé divers moyens de vivre sans estre cogneus ; et ainsi qu’ils frequentoyent les personnes, ils se hazardoyent de parler couuertement iusques à ce qu’ils fussent bien asseurez qu’on n’en diroit rien. »

Parfois, quand ils voyaient les laboureurs aux champs, rangés autour de la modeste écuelle de leur repas, ou prêts à prendre, à l’ombre d’une haie, le repos de midi, ils s’approchaient, feignant aussi d’avoir besoin de faire la sieste ; ils se mêlaient à la conversation, et essayaient d’endoctriner les braves