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Disons ici que Louis du Tillet fut si peu édifié de ce qu’il vit à Genève où, selon Théodore de Bèze, toute la Réformation ne consistait guère que dans la cessation du culte catholique et la disparition des images et statues de saints, qu’il abandonna son maître. Il fit abjuration publique en 1539, reprit ses fonctions ecclésiastiques, et parvint plus tard à la dignité d’archidiacre d’Angoulême.

En laissant Angoulême, Jean Calvin, ou Charles d’Espeville, s’était rendu à Poitiers pour y voir la bibliothéque « tant fameuse et tant renommée, » qui fut brûlée plus tard par ses sectateurs, et pour y visiter un docteur régent de l’université, Charles Le Sage, originaire de Noyon, comme lui. Il y fut hébergé par François Fouquet, prieur des Trois-Moustiers en bas Poitou, et chez Rénier, lieutenant général de la sénéchaussée, rue des Basses-Treilles. C’est de là que, sur l’ordre de l’apôtre, partirent les missionnaires de la foi nouvelle. Calvin les réunissait sur les bords du Clain, à une grande lieue de Poitiers, près du joli bourg de Saint-Benoît, dans les grottes des Croutelles et de Saint-Benoît. Une d’elles, nommée Grotte de Calvin, servait ordinairement de temple ; elle fut témoin de la première cène calviniste. Ainsi préparés se mirent en route Jean Vernou pour les campagnes du Poitou, Albert Babinot, docteur en droit, pour Toulouse, et Philippe Véron, procureur, sous le sobriquet de Ramasseur, pour l’Aunis, la Saintonge et l’Angoumois.

Sous François Ier, l’hérésie n’avait jeté dans la contrée que quelques étincelles. Le sol n’était pas pro-