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se trouvent pas dans les livres de maître Bernard ! Il raconte les débuts de la Réforme ; il nomme d’infimes prédicants ; il narre par le menu tout ce qui se dit ou se passe, jusqu’aux pommes de terre que mangeait un ministre, et il omet le nom de Luther ! il ne dit pas non plus celui de Calvin ! Tous ces pasteurs qu’il entretient à Saintes viennent de Genève ; ils ont dû lui parler du maître, de sa doctrine ; et Palissy n’a pas un mot pour lui ! Ce silence est digne de remarque. Aussi fournit-il un argument de plus à ceux qui prétendent que maître Bernard n’a jamais été réellement hérétique, mais seulement un de ces hommes modérés qui ont des sympathies pour un parti sans s’y enrôler, et, en temps de révolution, souffrent même pour des opinions qu’ils n’ont pas.

On ne peut trouver chez Palissy un seul mot, montrant que d’abord il avait vu, dans un changement de religion, une rupture avec l’Église catholique. Ce n’est que peu de temps avant 1557, dit-il, que quelques-uns (page 104) « tacitement et avec crainte detractoyent de la papauté. » Auparavant « l’Église réformée... (page 103) n’avoit aucune apparence d’Église. » Mais alors il y avait dix ans au moins que Palissy était huguenot.

D’après son récit, on peut rapporter à l’année 1546 son abjuration. Les idées de réforme ne pénétrèrent qu’assez tard en Saintonge et dans la région de l’Ouest. C’est Calvin lui-même qui les y apporta. Avant son voyage, on ne reconnaît nul indice de la doctrine nouvelle ; après lui, les prédicants parcourent le pays.