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vraie. On cessa d’être calviniste quand on n’y trouva plus d’intérêt. Fut-on d’abord très-bon catholique ? Je n’ai point à le chercher. Hélas la spéculation ramenait au catholicisme ceux qui l’avaient quitté par motif d’ambition ou espoir de lucre. En somme, pour ceux qui avaient rêvé l’indépendance et qui se voyaient forcés d’y renoncer, autant valait l’autorité du roi que celle des ministres réformés. Rohan, en 1623, avait donné pour beaucoup le mot de la situation, lorsqu’il disait à Faucher et aux autres : « Vous tranchez du souverain ; vous êtes des républicains. Vos peuples sont des séditieux. Pour moi, j’aimerais mieux conduire un troupeau de loups qu’une tourbe de ministres. »

Les circonstances particulières jouèrent aussi un grand rôle dans ces conversions subites, quelquefois alternatives. Guillaume d’Orange, né luthérien, se rend papiste pour être agréable à Charles-Quint. Tant qu’il ne prétend que diriger un parti dans l’État, il reste romain ; il se fait huguenot du jour où il aspire à changer la forme du gouvernement. À peuple nouveau, il veut foi nouvelle. Beaucoup de religieux, de prêtres, embrassèrent la réforme. Avaient-ils tous en vue une vie plus austère ? Le plus grand nombre, comme plus tard en 1791, cherchèrent, en fuyant le cloître ou l’ombre du sanctuaire, l’existence plus active du monde, l’affranchissement d’une règle qui leur pesait et les joies interdites du ménage. Pour cela les cénobites sautent par-dessus les murs de leur couvent, les ecclésiastiques laissent là leur soutane. « À leur exemple, dit Florimond de Rémond, plu-