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de la liberté. Dans cette noble pratique, elle avait conçu des idées plus hautes ; ses aspirations allaient plus loin que l’organisation présente. Le protestantisme flattait agréablement ses idées d’indépendance. On a souvent pris le moyen pour le but. Selon les historiens, par exemple, la Rochelle fut le boulevard du calvinisme, et sa longue défaite n’a été qu’un suprême et malheureux effort pour la liberté de conscience. C’est une erreur. La lutte était si peu religieuse que Richelieu vainqueur, entrant par la brèche dans une ville dépeuplée, maître et maître absolu, ôta aux cinq mille quatre cents Rochelais, reste de vingt-huit mille, non leurs temples, leurs pasteurs, leur droit de réunion, mais bien leurs franchises municipales dont ils étaient si fiers. Avant la Réforme, la Rochelle n’avait-elle pas fréquemment résisté à l’autorité royale et lutté pour ses privilèges ? Sous Louis XI et François Ier, avant toute conversion religieuse, n’avait-il pas fallu dompter l’esprit d’indépendance de ces hardis et riches marchands ? La résistance sérieuse au roi avait commencé en 1536, quand François Ier, par l’édit de juillet 1535, rendit perpétuelle la mairie, chaque année élective, et réduisit à vingt les cent membres du corps de ville ; elle se continua à l’occasion de la gabelle, en 1541 et 1542 ; elle éclata le jour où l’épée de Montmorency trancha devant Charles IX le cordon de soie que ses prédécesseurs n’avaient vu couper par le maire de la cité, qu’après avoir prêté le serment, toujours tenu, de respecter la charte de la commune. La passion religieuse fut le levier dont se servit l’indépen-