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tre Bernard l’a rendue sienne par la manière dont il l’a appliquée. Quoi que l’on dise, il est vraiment l’inventeur des rustiques figulines. C’est là son titre à la gloire d’artiste ; et nul ne le lui peut ravir.

Ces travaux n’empêchaient pas Palissy de courir çà et là. Mais toujours il profitait de ses voyages. Même quand il fut fixé à Saintes, il visitait les provinces limitrophes. Dans son livre publié en 1563, il dit (page 91) : « Il n’y a pas long temps, que i’estois au pays de Béarn et de Bigorre ; » et en passant il se met en colère contre la folie et l’ignorance des laboureurs qui ne s’ingénient pas à changer contre de plus légers leurs lourds instruments aratoires, lorsque tant de petits maîtres s’étudient bien « à se faire decouper du drap en diuerses sortes estranges. » En Périgord, comme en Limousin, Saintonge et Angoumois, l’état déchu de verrier excite sa verve indignée : (page 307). « Les verres sont mechanizez en telle sorte qu’ils sont venduz et criez par les villages, par ceux mesmes qui crient les vieux drapeaux et la vieille ferraille, tellement que ceux qui les font et ceux qui les vendent trauaillent beaucoup à viure. » À Limoges, il admire les émaux qui ont fait la célébrité de cette ville. Mais il s’irrite du discrédit dans lequel ils sont tombés (page 307).

« Considere vn peu, dit-il, les boutons d’esmail (qui est vne inuention tant gentille), lesquel au commencement se vendoient trois francs la douzaine... Ils sont venus à tel mespris qu’auiourd’huy les hommes ont honte d’en porter, et disent que ce n’est que pour les belistres, parce qu’ils sont à trop bon