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curieux bassins, précieuses inutilités dont l’art fait tout le mérite. Un des plus beaux en ce genre et des plus parfaits appartient au musée industriel de la ville de Lyon. M. Tainturier et M. Delange lui ont donné chacun le premier rang dans leurs planches qui présentent pourtant quelques différences. Acquis en 1788, à la vente du mobilier du maréchal de Richelieu, par M. Aynard, riche négociant et amateur lyonnais, ce remarquable ouvrage passa dans la collection de M. de Migieu, à Dijon, où il fut racheté par un marchand de Lyon, et cédé vers 1806 à la ville pour le musée qu’Artaud s’occupait de former. Il ressemble à une nacelle. Au milieu s’enroule une couleuvre qu’environnent poissons, grenouilles, tortues et mollusques, tels que peignes, bucardes, vénus, troques, buccins. Sur les bords s’allongent deux couleuvres, deux lézards entourés de crabes, ables et salamandres. Tout cela est d’un effet ravissant. Puis vient une grande aiguière dont le fond est formé de coquilles fossiles, reptiles, lézards, grenouilles, écrevisses ; l’anse est recouverte de coquilles agglomérées. Elle appartient à M. le duc d’Uzès. Les émaux peu brillants et mal vitrifiés ont fait penser qu’elle pourrait bien, ainsi que l’autre, être un des premiers ouvrages du Maître. M. Charrier, juge de paix à Saintes, possède un de ces plats qui, de temps immémorial, est dans sa famille. Le fond est garni de la couleuvre dévorant un crapaud ; autour d’elle nagent dans une rivière divers poissons. Sur les bords montent une branche de chêne avec des glands, la scolopendre, la fougère, le laurier, tandis que rampent le lézard, la salamandre, la gre-