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la pourtraiture fust d’vne belle inuention. » Et selon lui, « il vaut mieux qu’vn homme ou vu petit nombre facent leur proufit de quelque art en viuant honnestement, que non pas si grand nombre d’hommes, lesquels s’endommageront si fort les vns les autres qu’ils n’auront pas moyen de viure, sinon en profanant les arts, laissant les choses à demi faites (page 309)... »

Après ces explications, on ne peut vraiment pas être aussi sévère pour le potier que M. Brongniart. À quoi, encore aujourd’hui, nos brevets d’invention servent-ils, sinon à protéger l’inventeur contre les contrefaçons, et à lui assurer pendant quelques années au moins le fruit de ses labeurs, le bénéfice de sa découverte ? Même quand l’utilité générale y est intéressée, ne voit-on pas l’État intervenir et acheter à beaux deniers comptants le secret, propriété de l’inventeur ?

Palissy semblait hors de la misère. Ses argiles émaillées qu’il appela figulines, mot dérivé du substantif latin FIGULUS, qui travaille l’argile, potier dans Ausone, ou même sculpteur de terre dans Pline, et briquetier dans Juvénal ; ou plutôt abréviation de l’adjectif, FIGULINUS, FIGLINUS, de terre, de potier, et qu’il ne faut pas confondre avec FIGURINES, petites figures, statuettes, étaient recherchées avec empressement. On vantait ses talents, on célébrait sa persévérance, on achetait ses statuettes, ses médaillons et ses vases. Un événement vint le tirer de l’oubli et attirer sur lui l’attention des plus grands personnages.