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efforts de rire, combien que interieurement ie fusse bien triste (page 320). » C’est la même pensée qu’exprimait en vers Clément Marot, dans son épître à François Ier.

Et en pleurant tasche à vous faire rire.

Telle est en raccourci la narration que Palissy nous a faite lui-même. Nulle part on ne trouvera plus d’obstination, plus de persévérance, plus de confiance en soi ; nulle part on ne lira un morceau plus intéressant et plus éloquent. Dans ces pages, c’est le cœur qui parle. Chaque ligne est un soupir, un sanglot, un déchirement. Mais aussi son caractère sortit de ces épreuves, épuré, inaltérable, ferme et solide, comme ses émaux eux-mêmes du four incandescent.

Quand on voit tout ce que maître Bernard a supporté pour obtenir l’émail qu’il cherchait, on se prend à se demander pourquoi M. Chevreul, dans le Journal des savants, 1849, lui a reproché de n’avoir pas révélé son secret. M. Alexandre Brongniart va plus loin ; il dénie presque tout mérite à l’héroïque potier. « Si, dit-il, (page 64, tome II), si Palissy eût fait connaître ses observations sur les argiles, les pierres, les terres, les sels et les eaux, sur la fabrication des poteries et des émaux ; qu’il n’eût accompagné la description de ces faits d’aucune hypothèse, mais seulement de quelques déductions théoriques (eussent-elles été incomplètes et même fausses par défaut d’un nombre de faits suffisants) ; s’il eût rapporté avec des détails techniques la suite des tentatives faites pour avoir les beaux émaux qu’il est