Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cendres que la violence de la flamme avait soulevés et qui s’étaient mêlées désastreusement aux émaux. C’était une perte ajoutée à tant d’autres. Pour prévenir désormais ce malheur, il inventa des espèces de lanternes de terre destinées à enfermer ses vaisseaux au four. C’est l’encastage actuel. Ces espèces de capsules cylindriques sont encore employées aujourd’hui sous le nom de cazettes, casettes ou manchons, et servent à préserver les poteries des accidents qui firent la douleur de Palissy.

Cependant l’œuvre marche, non sans obstacle. À peine a-t-il appris à se préserver d’un danger qu’il lui en survient un autre. Un jour, sa fournée est trop cuite ; le lendemain, elle ne l’est pas assez. Aujourd’hui ses vases sont brûlés par devant, seulement ; hier, ils l’étaient par derrière. Une fois, les émaux sont trop clairs ; une autre fois, ils sont trop épais. Il faut surveiller attentivement le feu, rendre la cuisson régulière, connaître enfin le degré de température nécessaire. Bernard s’éclaire peu à peu ; ses échecs l’instruisent.

Mais le grand obstacle est la composition des émaux divers et la fusion à une même température. Jusqu’alors il n’a que l’émail blanc, et encore ! Il s’agit de trouver les émaux de couleur. Il se fera chimiste. Pour cela il faut qu’il y ait une chimie. Problème ardu qui arrêterait tout autre inventeur. Quelles combinaisons employer ? Et quand il a harmonisé toutes ses couleurs, quand il en a bien combiné tous les éléments, il en fait l’essai. Des pièces rustiques, c’est-à-dire des bassins, des jattes, des plats, où il a