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drapés d’étoffes multicolores agitaient leurs blancs haïcks et excitaient les cavaliers de la fantasia à briller, en criant : « You ! You ! You ! You ! »

Quand un pan de la tente de Mouhamed se souleva sur le front radieux de la nouvelle épousée, on crut voir entrer une déesse ! Mais tout de suite son air ravi disparut, ses sourcils se froncèrent. Elle avait vu sous la tente… des femmes !

— Mouhamed ! dit-elle en les désignant, c’est à toi ?..

— Oui, répondit celui-ci.

— Alors ! fit-elle, adieu !.. je m’en vais… Je ne veux pas partager mon mari.

Elle sortit majestueuse, remonta sur le mulet et retourna chez elle, au grand ennui de l’escorte venue pour les fêtes des noces.

Lorsque le caïd fut revenu de sa stupeur, il enfourcha son meilleur cheval et courut après son épouse ; vainement, il épuisa toutes les protestations d’amour… « Je t’aime ! disait Sadia, c’est justement pour cela que je ne veux pas que tu sois à d’autres qu’à moi. Renvoie tes femmes et alors, seulement alors tu pourras venir me chercher. »

Le divorce n’est pas difficile à obtenir en pays arabe. Pourtant, il y avait là pour Mouhamed des questions d’intérêt impossible à trancher, il ne pouvait, sans perdre sa situation, répudier ses autres