Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cents kilos de gâteaux de miel, et toutes les bouches de la région pauvres et riches, goûtèrent au kouskous du festin ; car pour aller à la noce en pays musulman, on n’a pas besoin d’être invité, et si misérable qu’il soit, celui qui se présente à un banquet de mariage est toujours le bienvenu.

Le riche qui se marie offre aux assistants de copieux repas ; le pauvre, lui, n’offre ni à boire ni à manger ; il n’en réunit pas moins un nombreux public. Attendu que, chez ce peuple sympathique, toute fête particulière devient une solennité générale et procure l’occasion de se réunir, de faire parler la poudre, de rire, d’entendre la musique et de danser.

À la noce du caïd Mouhamed, on multiplia les fantasias ; quand le dernier kilo de poudre fut brûlé, l’enchanteresse Sadia, hissée sur un mulet, superbement harnaché d’un tapis rouge à franges, que deux nègres menaient par la bride, fut triomphalement conduite chez son époux, elle allait être une femme de grande tente ! On donne à ce titre là-bas, l’acception que celui de châtelaine a chez nous.

Toute la ville escortait Sadia ; une délégation de la tribu Mouhamed était venue à sa rencontre, et l’on marchait, électrisé par les fusillades, dans un nuage de fumée, au son infernal des tambours et des musiques, des chants et des coups de fusil.

Des femmes deux par deux dans des palanquins