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et se sauva éperdue. Mais l’administrateur, revenu précipitamment, avait aperçu Nedjma et, moins peut-être que sa beauté, son exubérance de vie et de passion avait éveillé en lui un de ces sentiments fous qui ne se raisonnent ni ne se vainquent.

Il ne pouvait détacher sa pensée d’elle. Le jour, il cherchait à la voir ; la nuit, il la voyait en rêve. Sa passion s’irrita au point que, ne pouvant plus la dissimuler, il fit du juif Chaya le confident de son tourment.

« Diable ! s’écria celui-ci, il n’est pas aussi facile de s’approprier une favorite qu’une jument ! » Seulement, c’était une canaille que n’épouvantait pas le crime, et, un jour, il dit à l’amoureux transi : « Eurêka ! »

On simula l’organisation d’un complot, dans lequel Lagdar, ami de la France, fut impliqué de rébellion contre elle.

Avec l’intimidation et l’argent, on se procure toujours des témoins. Il y en eut pour affirmer que le mari de Nedjma, vendu aux Anglais, soulevait le Sud, projetait de faire surprendre nos troupes.

Malgré l’invraisemblance de l’accusation, l’absence de preuves, Lagdar, reconnu coupable, fut condamné, dépouillé de tous ses biens et envoyé à Nouméa.

Nedjma, terrifiée par le jugement rendu, se soumit