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cadeaux ; mais il ne revient ni sur le cheval noir superbe ni sur le beau méhari blanc que les indigènes du Sud lui ont donné, il revient de Biskra en train express ; et, comme un dieu qui se fait précéder d’un soleil, un roi d’une armée, il se fait précéder d’une machine folle qui court en éclaireuse devant le train gouvernemental.

Les télégrammes signalant l’approche du gouverneur se succèdent. Le voilà !

Dès qu’il paraît, les clairons sonnent, les tambours battent aux champs, les chevaux qui, impatients, se cabraient, s’élancent rapides ; ils reviennent sur leurs pas en courant si vite qu’on les croit emportés par le vent. Les cavaliers qui les montent se lèvent droits sur leurs selles, poussent de grands cris et déchargent en l’air leurs fusils. Enivrés par la poudre qu’ils ont « fait parler », ils repartent, animés par une fureur diabolique.

Ces hommes, qui semblent ne faire qu’un avec leurs chevaux, leur communiquent leur fièvre d’enthousiasme, et bientôt les spectateurs, eux-mêmes électrisés, les acclament et partagent leur délire.

Tous les chevaux qui participaient à la fantasia étaient beaux ; leur tête fine, leurs formes élégantes excitaient l’admiration de la foule. Mais parmi eux il y en avait un à la robe d’ébène, à la fière encolure, qui attirait tous les regards. C’était la jument de