Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête.

Dans l’état d’embarras où se trouvait la tribu, il eût été maladroit de les faire payer. Il fallait ménager l’interprète, un juif qui avait prêté, à cent trente pour cent par mois, il est vrai, de l’argent.

C’eût été une faute de ne rien offrir à monsieur l’huissier, qui pouvait de suite tout saisir. Quant au garde champêtre, qui cumulait aussi l’office de geôlier, il dressait beaucoup de procès-verbaux contre ceux qui n’étaient pas ses amis ; et puis, les Beni-Gharabas avaient toujours quelques-uns des leurs en prison. On l’octroie si facilement, cette prison, en vertu du code de l’indigénat et même du bon plaisir, que les Arabes qui la subissent ne s’en émeuvent pas ; seulement il ne faut pas être mal avec le geôlier qui, par distraction, oublie parfois de distribuer l’eau et le morceau de pain.

Les Beni-Gharabas délégués à la vente de la basse-cour du douar : Yaya ben Yaya, Abdelkader, Larbi, Ali ben Belkaseem, se consultèrent du regard et se comprirent ; bien qu’ils comptassent sur le produit de leurs volailles pour emporter de l’orge et du blé, ils partagèrent, presque complètement, poules, dindons, pintades entre les fonctionnaires venus acheter séparément et comme en se cachant mutuellement. Leurs domestiques eurent bras et mains chargés ; en outre,