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au fond rembourré, au-dessus recouvert d’un voile qui protégeait leurs jolies têtes.

Pendant le voyage, nous négligions de manger aux relais des diligences, nous oubliions aux gares l’enregistrement de nos bagages, tant nous étions occupés d’elles ! À Relizane, malgré nos supplications, on les avait mises avec les marchandises ; alors, à chaque arrêt de quelques minutes, je me précipitais dans leur wagon, je m’agenouillais devant le couffin qui les contenait et je leur égrenais des raisins dans la bouche.

En arrivant à Alger, Yzette et Ali fatigués par trois jours d’immobilité, restèrent vingt-quatre heures sans vouloir manger.

Nous avons pu, mais avec beaucoup de peine, les garder à l’hôtel dans un salon attenant à notre chambre.

Ces mignonnes, pleines de vigueur, n’étaient pas toujours sages. Un jour elles eurent pour voisin un curé : celui-ci entendit la nuit leurs trépignements, leurs plaintes, leurs cris et en fut effrayé. Il descendit au bureau et dit à la propriétaire :

— « Madame vous avez au no 6 quelqu’un de bien malade ; c’est un homme qui ne passera pas la nuit, je crois qu’il agonise ; en l’entendant hoqueter, se débattre, lutter contre la mort, je me suis levé et je