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je la pris dans mes bras, d’où elle s’échappa ou plutôt s’envola comme un oiseau. Mon admiration pour ce petit bijou du désert me poussait sans cesse à l’enlever de terre, pour la presser sur ma poitrine et la couvrir de baisers. Chaque fois elle s’échappait avec la même impétuosité, se blessant ses fines jambes, me faisant des noirs et déchirant ma robe de haut en bas.

C’était Yzette qui tétait la plus grande partie du lait de la chèvre blanche qui servait aussi de nourrice à Ali et à Mina.

Lorsque nous emmenions nos gazelles brouter les fleurs — fleurs de nos jardins de France, qui foisonnent à l’état sauvage sur les plateaux algériens — je tenais le ruban attaché au collier d’Yzette et, en même temps que sa bouche, ma main cueillait pour les lui offrir, ses plantes préférées.

On ne peut dépeindre la nervosité de ce petit être électrique : Dès qu’elle apercevait un animal ou une silhouette humaine, elle courait affolée. Avec la force prodigieuse emmagasinée dans son corps minuscule, elle m’entraînait à la maison, où elle arrivait essoufflée, baignée de sueur et sa petite langue grise hors de la bouche.

Il est bien difficile, de transporter les gazelles d’un pays à un autre, sans les blesser. Pour les ramener à Alger, nous avions mis Yzette et Ali dans un couffin