Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
LES FEMMES ARABES

sont ces criquets voraces qui nettoient mieux le sol que ne le ferait l’incendie ; qui, « lorsque l’herbe, et la feuille manquent, mangent le bois, qui, lorsque le bois manque, mangent la pierre ! »

Chacun, naturellement, chasse ces destructrices du mieux qu’il peut. Lors d’une des dernières invasions, un maire requis un grand nombre d’Arabes pour détruire les criquets sur ses terres de Belkacem ; comme il ne les payait pas, les Arabes travaillèrent trois jours, puis ils refusèrent de laisser manger plus longtemps leurs récoltes, pour passer leur temps à protéger gratuitement celle du maire.

Le magistrat municipal leur fit dresser procès-verbal et le juge de paix de Dellys en condamna pour ce fait soixante-douze à cinq jours de prison et quinze francs d’amende.

Le gouverneur auquel on en appela de cette injustice, ne voulut pas faire casser le jugement qui consacre la domesticité gratuite et obligatoire, des Arabes envers l’autorité algérienne.

Les sauterelles ne redoutent réellement que les cigognes qui s’alignent en bataille pour démolir à coups de bec le mur vivant qu’elles forment en volant.

Les terribles acridiens que l’on combat par le bruit, la fumée et les toiles étendues (appareils cypriotes), ont prouvé qu’ils se riaient de ces obstacles en