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de mousseline et de tulle brodé, leurs mignonnes vestes de satin, leurs fins haïcks, pour se draper dans des sacs en poil de chameaux et dans de vieux débris d’étoffes à tentes. Elles se noircissent les joues avec du noir de fumée, se déchirent, s’arrachent la figure avec leurs ongles au point d’en faire ruisseler le sang. De sorte que, bien que leur cœur soit le plus souvent indifférent au mort, elles paraissent pleurer des larmes rouges ; elles ont la figure couverte de sang, comme nous l’avons inondée de larmes.

Quand les amies et parentes d’un défunt crient et pleurent sur sa tombe après l’enterrement, les tolba et les marabouts les apostrophent en ces termes : « Femmes ! laissez le mort s’arranger avec Azraïl ! (l’ange de la mort) qui établit la balance de ses bonnes et de ses mauvaises actions. Vos lamentations sont une révolte contre l’ordre de Dieu ! »

À Alger comme à Constantine et à Oran, la mortalité musulmane dépasse la natalité. Ailleurs les naissances l’emportent beaucoup