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LE VOTE DES FEMMES

moins, dit-il, que l’on constate comme dans un ancien concile que les femmes ne font pas partie du genre humain, on ne saurait leur ôter ce droit commun à tout être pensant. »

Mais la cause des femmes était perdue d’avance ; la convention resta sourde aux objurgations de Charlier et décréta que toutes les sociétés de femmes, quelles que soient leurs dénominations, étaient supprimées et dissoutes.

Ceux qui dénient le droit commun aux autres, tiennent suspendue au-dessus de leur tête la menace d’être à leur tour exclus du droit commun. Les hommes, qui supprimèrent les clubs de femmes, eurent tous leurs clubs fermés par Bonaparte.

Les femmes qui voulaient que la révolution s’accomplisse au profit des deux sexes, faisaient preuve de bien plus de sens pratique que les Jacobins, qui en leur fermant les portes de la révolution, rejetèrent les femmes dans la réaction.

Cependant, la liberté eut encore des militantes : En 1799, sous le Consulat, des femmes qui s’honorent du titre de « citoyenne » refusent d’être appelées de nouveau « madame » et font acte d’indépendance en s’assemblant rue de Thionville pour discourir sur leurs droits méconnus[1].


  1. Gilbert Stenger, La Société Française pendant le Consulat.