Page:Auclert - Le vote des femmes, 1908.pdf/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
LE VOTE DES FEMMES

dit Michelet à la fouetter comme un enfant, devant la foule lâche qui riait. Cet outrage rendit folle Théroigne qui mourut à la Salpêtrière en 1817 sans avoir recouvré la raison.

Les femmes de la révolution, s’employèrent bien plus à élever encore l’homme au-dessus d’elles, en soutenant ses plus hardies prétentions qu'elles ne se dévouèrent à procurer à leur sexe l’égalité avec le sexe masculin.

Des femmes cependant étaient puissantes, elles étaient écoutées de l’élite masculine qui se pressait dans leurs salons ; mais, ni Germaine Necker (Mme  de Staël) – que la politique absorbait et qui inspira à son père l’idée du suffrage universel, Ni Mme  Roland (Manon Phlipon) qui poussa son mari dans la voie républicaine et fut autant que lui ministre de l’Intérieur – ne songèrent à tirer leur sexe de l’asservissement.

Pourtant, l’heure semblait si favorable, que les étrangères elles-mêmes luttaient pour l’affranchissement féminin. En même temps que la Hollandaise Palm Aëlders envoyait à toutes les villes de France sa brochure revendiquant le droit des femmes qui lui fit décerner par la ville de Creil la médaille et le titre de membre honoraire de la garde nationale, l’Anglaise miss Wollstonecraft publiait son livre : La défense des droits de la femme où il est dit : que la femme devient un obstacle au progrès, si elle n’est pas autant développée que l’homme ».