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L’ÉDUCATION POLITIQUE DES FRANÇAIS


femmes sans les affranchir, et, que l'asservissement féminin est le plus grand obstacle au progrès.

Les Françaises sont depuis si longtemps spoliées qu’elles ne peuvent croire que leur entrée dans le droit commun est indispensable à l’accélération de l’évolution humaine ; elles ne seront persuadées qu’elles ont des droits que lorsqu’on les appellera à exercer ces droits.

N’y aurait-il pas pour les hommes plus d’avantages à s’associer immédiatement la femme, dans la commune et dans l’État, qu’à risquer de se créer des difficultés, pour se donner la puérile satisfaction de garder encore un peu de temps hors la loi, les vingt millions de Françaises ?

Aucune unité de vues n’est possible entre Français et Françaises, avant qu’ils ne soient appelés à se concerter sur ce qui mutuellement les intéresse ; c’est-à-dire, avant que ne soit substitué au jeu sans effet du petit suffrage restreint, la toute puissance transformatrice du grand suffrage universel.

On dissipera l’incohérence politique, en élevant au niveau de l’homme, la femme qui meule et façonne les électeurs.

L'éducation politique du pays serait maintenant achevée, si les hommes et les femmes avaient depuis 1848, appris à bien voter, en votant ensemble ; et, au lieu de redouter que l’ignorance, la servilité, n’enrayent le progrès, on aurait la certitude que le bon sens général l'accélèrerait ; car, la nation serait moralement augmentée, si la serve qui lui donne son empreinte était citoyenne.