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L’ÉDUCATION POLlTIQUE DES FRANÇAIS

qu’une partie de la nation organiser son bonheur ; on affirme que les Françaises ont des qualités propres qui complètent les qualités des Français.

On dit que les tournants politiques cesseraient d’être dangereux, si la masse électorale avait pour la guider le jugement sûr et le tact inné de femmes.

Pourtant, on reste privé de leur concours, on les élimine, au grand préjudice de la généralité des êtres, puisque les femmes intuitives seraient en arrivant sur la scène politique, les monitrices électorales qui démêleraient les questions et dessilleraient les yeux.

Il n’est pas possible de « marcher vers la justice sociale » sans d’abord soustraire la moitié de l’humanité à l’oppression de l’autre moitié, en la munissant de cette arme libératrice, le bulletin de vote.

On comprime la nature en annihilant les femmes et en les contraignant à jouer le rôle de traînardes paralysatrices d’efforts ; alors, qu’il convient si bien à leur tempérament d’être des avant-gardes du progrès, faisant évoluer l’espèce.

Quiconque se préoccupe de l’avancement humain, doit vouloir assurer à la République, le concours des femmes, en les faisant citoyennes.

Lorsque hommes et femmes gèreront ensemble les affaires publiques, ils deviendront bientôt aptes à être eux-mêmes leurs représentants. Or, quand les Français et les Françaises seront leurs propres députés, ils économiseront avec les millions de l’indemnité parlementaire, beaucoup d’autres millions dépensés pour satis-