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LE VOTE DES FEMMES

que pour le sexe féminin l’heure n’est jamais venue de posséder le bulletin affranchisseur. En 1789 et 1793, les hommes disaient qu’il était prématuré de donner les droits politiques aux femmes ; en 1848, ils jugeaient également prématuré d’englober les femmes dans le suffrage. Actuellement, ils sont d’avis qu’il serait encore prématuré d’octroyer l’électorat aux femmes.

Toute proposition de loi, ne devrait cependant venir en discussion, qu’après que le suffrage aurait été attribué aux femmes.

La France entière ayant seule l’intuition des besoins humains, la France entière peut seule poser les bases d’une société meilleure en votant des réformes fondamentales.

Tenir les femmes hors des salles de vote où tout se projette et à l’écart du Parlement où tout se résoud, c’est les désigner d’avance pour être sacrifiées.

Les femmes seront plus considérées, mieux rétribuées, quand elles exerceront leurs droits politiques. Et, l’humanité entière a intérêt à ce qu’elles exercent leurs droits politiques ; car, on ne peut sans nuire à l’espèce, sans amoindrir l’homme, garder infériorisée la femme, qui imprime à la société sa marque de fabrique, puisque matrice de la nation, elle est le moule qui forme tous les Français.

Afin de se justifier d’annuler les femmes, les hommes spoliateurs les incriminent d’attachement aux vieux usages ; alors, qu’il est surabondamment prouvé qu’en