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LE VOTE DES FEMMES

merce ; elle occupe deux cents ouvriers et employés ; elle verse à l’État sous forme d’impôt des sommes considérables. Vous n’admettez pas que cette femme ait le droit de discuter cet impôt, de peser par sa voix sur certaines questions de tarif, d’apporter l’appui de son expérience à des débats économiques. Ce droit, vous l’attribuez sans hésiter à un rôdeur de barrière, qui n’a jamais gagné honnêtement un liard de sa vie. »

Sous ce titre : Grève des Contribuables M. Charles Bigot écrivit dans Le xixe siècle : « On ne saurait contester à Mlle Hubertine Auclert d’avoir eu une idée. Ni en Angleterre, ni en Amérique les champions du droit des femmes ne manquent pas cependant, le beau sexe n’avait encore imaginé de protester contre l’exploitation de l’autocratie masculine par le refus de l’impôt. Mlle Hubertine Auclert coupe les vivres à une société qu’elle trouve injuste pour son sexe. Pas de droits électoraux, pas d’argent. La déclaration est nette au moins. »

Mais ce fut surtout une grêle d’injures qui plut sur ces énergiques lutteuses pour leur faire lâcher pied.

Dans Le Petit Parisien, Jean Frollo en louant la crânerie des insurgées contre le fisc avait prévu les défections qui devaient se produire.

Sur les vingt femmes qui avaient refusé l’impôt, trois seulement, Hubertine Auclert, Vve Bonnair, Vve Leprou ne furent pas effrayées par les papiers de toutes cou-