Page:Auclert - Le vote des femmes, 1908.pdf/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
LE VOTE DES FEMMES

Avant que la femme ait le pouvoir d’intervenir partout où ses intérêts sont en jeu pour les défendre, un changement dans la condition politique de la société ne remédierait pas au sort de la femme.

Un changement de l’ordre social économique n’affranchirait pas la femme ; car, bien que tous les jours la question économique soit résolue pour un petit nombre de personnes, la condition de la femme est, chez les favorisés de la fortune, le lendemain, la même que la veille. En France, les femmes millionnaires sont soumises aux mêmes lois tyranniques que les femmes pauvres.

Toutes les femmes, — de quelque opinion et de quelque condition qu’elles soient, — toutes les femmes souffrent ou peuvent souffrir de la législation actuelle. Et sont intéressées à posséder le pouvoir d’abroger les lois qui les infériorisent et les asservissent.

La Citoyenne que des antiféministes représentaient comme un épouvantail fut appréciée ; ses articles furent souvent reproduits par les grands quotidiens qui en discutant ses théories, louaient sa modération et sa logique.

Dès son 16e numéro La Citoyenne adressait cette question aux législateurs : — Quels sont les députés qui veulent que le suffrage soit également exercé par les hommes et par les femmes ?

M. Alfred Talendier député et M. J. de Gasté député — qui proposa en 1890 qu’un nombre égal d’hommes et de femmes siègent à la chambre et au sénat, nous répondirent : — qu’ils voulaient le suffrage réellement