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LE VOTE DES FEMMES

« Dénier l’égalité des droits à deux êtres égaux, en fait, en vérité c’est se faire rire au nez, si l’on voulait se donner la peine d’y réfléchir cinq minutes ; et quand on pense que cette femme soi-disant inférieure de nature à l’homme, condamnée comme telle à l’infériorité de fonctions et de rôle social, quand on pense qu’elle peut, sans qu’on souffle mot, donner sa cuisine à faire et sa chambre à balayer, à tel domestique mâle si barbu qu’il soit et que c’est une question de 400 francs par an avec les étrennes, on se prend à douter de la raison humaine qui se permet une telle débauche d’inconséquence.

« Croyez-moi, ne parlez plus de votre loi de nature, ni du grand principe de l’infériorité de la femme, non plus que de sa destination culinaire, vous mettez le pied sur tout cela à chaque pas, et la femme qui dans cette société est inférieure à l’homme, est celle-là qui n’est pas assez riche pour être sa supérieure.

« Expliquez-moi, comment vous permettez à l’homme qui fait la cuisine que la femme devait faire, de laisser là à un jour donné sa marmite et ses légumes pour aller voter avec vous. Si les détails d’intérieur sont si absorbants qu’ils ne laissent place pour aucune autre idée, pourquoi celui-là vote-t-il ? S’ils ne le sont pas, pourquoi celle-là ne vote-t-elle pas ? »