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politique de la femme et de l’homme, est en même temps que l’expression de notre conviction, une protestation contre ceux qui, au mépris de la liberté humaine, osent encore, au XIXme siècle, tenter d’assigner un rôle à la moitié du genre humain. Que diriez-vous, hommes, si l’on vous enfermait dans le cercle étroit d’un rôle ? Si l’on vous disait : Toi, parce que tu es forgeron, ton rôle est de forger du fer : tu n’auras pas de droits. Toi, parce que tu es médecin, ton rôle est de soigner les malades : tu n’auras pas de droits. C’est aussi logique que de dire : Toi, femme, parce que la Nature t’a donné la faculté d’être mère, tu n’auras pas de droits. La femme est comme l’homme, un être libre et autonome. À elle, comme à lui la liberté de choisir la voie qui lui convient.

Ces attentats à la liberté de la femme en font en même temps que de la serve, de la mineure perpétuelle, la mendiante qui vit aux dépens de l’homme. Notre dignité nous fait protester contre cette situation humiliante. Nous ne regardons pas le mariage comme une ressource alimentaire offerte à la femme. Nous voulons que, même la mère de tout jeunes enfants, puisse prétendre à l’indépendance économique, par cette raison qu’être nourrice est une profession rétribuée — et, que si, la mère morte, l’homme restait chargé d’un petit enfant il lui faudrait payer une femme qui l’élevât. Partageons en deux la somme allouée à cette femme, à la mère vivante, à la nourrice naturelle de l’enfant revient la moitié de cette somme.

Tout travail devant être rétribué, quand la femme prend soin du ménage et des vêtements, elle a le droit de toucher la moitié du prix auquel est évalué ce travail. L’homme ne recevrait pas, gratuitement de