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tion des Tragiques, et auxquels j’avais moi-même apporté ma petite part, avaient eu le même sort. De mon côté, avec l’Hôtel de ville, entièrement dévoré par les flammes, j’avais vu disparaître, non-seulement tous les services si précieux que j’avais à diriger : — Travaux historiques, — Archives, — État civil, — Bibliothèque, — Collections de toutes sortes, destinées au musée municipal de l’Hôtel Carnavalet, — mais aussi mon propre cabinet, situé au coin de l’avenue Victoria, et tout ce qu’il renfermait de livres, d’objets, de papiers m’appartenant, parmi lesquels se trouvaient bien des notes bibliographiques et philologiques, relatives à d’Aubigné, qui me font faute aujourd’hui !…

Le principal restait, mais restait seul : c’est-à-dire la copie de notre volume, qui par bonheur était demeurée à l’imprimerie, et dont sept demi-feuilles (soit 56 pages) se trouvaient déjà tirées. C’est donc là que j’ai commencé ma tâche de réviseur, en suivant les errements qui avaient été adoptés par M. Mérimée et M. Jouaust. Chemin faisant, j’ai examiné de près les antécédents des Tragiques, recherché les éclaircissements et les améliorations que comportait notre édition nouvelle.

IV

D’Aubigné avait son poëme « depuis trente-six ans et plus » sur le métier, et il ne l’avait pas, tant s’en faut, tenu secret, lorsqu’il se décida en 1616 à le publier, sous le voile d’un anonyme transparent et avec l’aide d’une petite ruse littéraire qui ne devait tromper personne. Il supposa un abus de confiance d’un sien serviteur, « le larron Prométhée », lequel expose, dans un Avis aux Lecteurs, que s’il a dérobé son maître, c’est afin de faire bénéficier le public de son larcin, en ôtant les Tragiques de dessous le boisseau où ledit maître les tenait depuis trop longtemps. Cette première édition est petit in-4, et il est probable qu’elle fut