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Vous ne semez que vent en stériles sillons,
Vous n’y moissonnerez que volants tourbillons,
Qui, à vos yeux pleurants, folle et vaine canaille,
Feront pirouetter les esprits et la paille !

Et n’a-t-il pas été plus prophète, en vérité, qu’il ne voulait l’être, lorsque, maudissant Catherine de Médicis et sa fastueuse création des Tuileries, il prédisait ces sombres destinées :

… des os et des charbons.
Restes de ton palais et de ton marbre en cendre,

associant encore ici, comme par une sorte de pronostication fatidique, le fatal reistre noir à ces prodigieuses catastrophes, qui n’étaient que trop réellement réservées à nos jours ?

Enfin, peut-on lire sans une impression de rage et de honte rétrospective des vers tels que ceux-ci, qui semblent dater d’hier :

Après se vient enfler une puissante armée.
Remarquable de fer, de feux et de fumée,
Où les reistres, couverts de noir et de fureurs,
Départent des François les tragiques erreurs[1]

II

M. Prosper Mérimée et M. Ludovic Lalanne, en publiant leurs éditions nouvelles des Aventures du baron de Fœneste (1855) et des Tragiques (1857), regrettèrent de n’avoir pu obtenir communication des manuscrits de d’Aubigné, conservés chez M. le colonel Tronchin, près de Genève. En

  1. Voir, pour tous ces vers, passim, p. 62, 43, 144, 38, 224, 208, 224, 218, 220, 34, 51, 43, 300, 297, 216.