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pour la suite de cette édition, remplacer notre regretté collaborateur M. Prosper Mérimée, fait connaître aux lecteurs les péripéties par lesquelles a passé l'impression de l'ouvrage. Les accidents mêmes de notre travail, ainsi que les irrégularités sans nombre d'un manuscrit souvent fautif, ont marqué leur trace dans ce volume par quelques imperfections, dont plusieurs se trouvent d'ailleurs relevées dans les notes. Cependant, tel qu'il se présente, il sera, nous n'en doutons pas, estimé pour ses qualités, aussi bien qu'excusé pour ses quelques défauts, par ceux qui savent apprécier les difficultés d'une impression telle que celle-ci.

Mais, en même temps que l'époque douloureuse que nous avons récemment traversée a si fâcheusement interrompu notre travail commencé, elle est venue donner à cet ouvrage un poignant intérêt d'actualité. A quelque page que nous ouvrions le volume, il nous semble y lire notre propre histoire. Dans ces analogies dont l'esprit est frappé à chaque instant, la comparaison n'est pas toujours, hélas ! en faveur de notre époque, et l'on se demande parfois ce que trois siècles de civilisation ont diminué de la sottise et de la férocité des hommes. Mais, si nos désastres ont été sans exemple, ce qui est sans exemple aussi, c'est la rapidité avec laquelle notre pays se relève. Il le doit sans doute à sa puissante vitalité, mais il le doit encore au génie politique et au dévouement sans bornes de l'homme qui semble nous avoir été réservé pour réparer nos malheurs, et qui, en ramenant l'ordre et la prospérité dans la patrie troublée, nous a fait, en ce qui nous concerne personnellement , les loisirs nécessaires pour mener à bonne fin, avec ce livre qui paraît aujourd'hui, tant d'autres œuvres interrompues.

D. J.

Octobre 1872.