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dances, les mouvements et les efforts de la nature ; si on comprenait mieux l’esprit de la médecine et la puissance de la nature ; enfin si on ne dérangeait pas continuellement son ouvrage par d’imprudentes manœuvres, par des saignées ou par des drogues le plus souvent prescrites en dépit du bon sens ! Mais, malade ou médecin, on se lasse d’attendre, on reproche à la nature ses lenteurs salutaires, on s’agite, on essaye tel ou tel moyen admis sur la foi de quelques expériences suspectes, on se hâte, on se livre et l’on paye le plus souvent de sa vie, son impatience, son imprudence et sa faiblesse ! Il en serait tout autrement si on daignait se rappeler que l’ordre et la marche des maladies sont réglés par des lois naturelles et que la doctrine des crises, qui s’appuie sur la connaissance de ces lois, repose elle-même sur des faits nombreux et incontestables et sur des observations séculaires.

Stoll l’a dit avec une raison profonde, il faut traiter plutôt que combattre la fièvre puerpérale ; dans cette affection, le traitement prophylactique est souvent supérieur au traitement curatif.

Le traitement prophylactique repose sur la connaissance des causes qui peuvent amener le développement de la fièvre puerpérale. Il consiste dans la mise en pratique de précautions et de moyens que l’expérience a consacrés comme étant propres à prévenir, à affaiblir et à détruire les prédispositions à la fièvre puerpérale ; la plupart de ces moyens appartiennent à l’hygiène.

Il est un moyen cependant plus efficace que les autres, en ce qu’il agit directement et rapidement sur une des causes principales de la maladie. C’est la succion du sein, c’est l’allaitement maternel qui, en maintenant le lait dans ses conduits ou en le rappelant vers sa source, l’empêche de s’épancher et partant de se porter sur des parties étrangères à sa destination. Astruc, Van Swieten, Hecquet, Tissot et Bordeu faisaient le plus grand cas de ce moyen ; ils le