Page:Athanase d’Alexandrie - Vie de saint Antoine, trad Rémondange.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 68 —

lui apporta les lettres, il appela les moines et leur dit : Ne vous étonnez point si un empereur nous écrit, car un empereur est un homme, mais étonnez-vous plutôt de ce que Dieu a écrit sa loi aux hommes et de ce qu’il nous a parlé dans la personne de son propre fils. Il ne voulait pas même recevoir ces lettres, disant qu’il ne savait point répondre à de tels messages ; mais engagé par les moines qui lui représentaient que ces empereurs étaient chrétiens et qu’ils se scandaliseraient d’un tel refus, il consentit à en entendre la lecture.


RÉPONSE DE SAINT ANTOINE À L’EMPEREUR CONSTANTIN.


Il répondit qu’il les félicitait de ce qu’ils adoraient le Christ, et il leur donna des conseils pour leur salut. Il leur disait de ne point regarder comme grandes les choses présentes, mais de se souvenir plutôt du jugement futur et de songer que le Christ est le seul roi véritable et éternel ; il les engageait à se montrer charitables, à prendre à cœur la justice et le soin des pauvres. Les empereurs témoignèrent une grande joie en recevant cette réponse, tant ce vieillard était cher à tout le monde, tant chacun désirait le regarder comme un père. Antoine, ainsi connu et répondant ainsi à tous ceux qui venaient le trouver, retourna à sa montagne et reprit ses exercices ordinaires. Souvent assis, il méditait avec ceux qui venaient le voir, ou en se promenant, et au bout d’une heure, il reprenait avec ses disciples la conversation. Ses disciples s’apercevaient qu’il avait une vision ; car souvent, lorsqu’il était sur sa montagne, il voyait ce qui se passait en Égypte et le racontait à l’évêque Sérapion qui le voyait absorbé dans sa vision. Un jour donc qu’il était assis et travaillait, il fut ravi en extase et resta longtemps dans cette contemplation en gémissant ; une heure après, il