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Prenez une cruche d’eau et courez sur le chemin qui conduit en Égypte, car de deux frères qui étaient en route l’un vient de mourir et l’autre est sur le point d’expirer, si vous ne vous hâtez. Cela vient de m’être révélé pendant que je priais. Les moines y étant allés trouvèrent l’un étendu mort et l’ensevelirent ; ils ranimèrent l’autre avec de l’eau et le portèrent auprès du vieillard, car la distance était d’un jour de chemin. Si quelqu’un demande pourquoi Antoine n’avait pas parlé avant que l’un d’eux mourût, sa question n’est pas raisonnable, car l’arrêt de la mort n’appartenait pas à Antoine, mais à Dieu qui en avait ordonné ainsi à l’égard du premier, et dont il lui fit la révélation. Ce qui est seul digne d’admiration dans Antoine, c’est qu’étant assis sur sa montagne son âme veillait, et que le Seigneur lui révélait ce qui se passait à une si grande distance. Un autre jour encore qu’il était assis sur sa montagne et qu’il portait ses regards vers le ciel, il vit quelqu’un qui était enlevé dans l’air et une grande joie parmi ceux qui venaient au devant de lui. Comme il admirait et estimait heureux un tel chœur, il désira savoir ce que c’était ; aussitôt il entendit une voix qui lui dit que c’était l’âme d’Amoun, moine de Nitrie. Amoun avait persévéré jusqu’à la vieillesse dans la vie ascétique ; or, la distance depuis Nitrie jusqu’à la montagne qu’habitait Antoine était de treize journées. Ceux donc qui étaient avec Antoine, voyant le vieillard ravi d’admiration, désirèrent en savoir la cause, et ils apprirent qu’Amoun venait de mourir, car il était connu pour être venu souvent sur cette montagne, et par beaucoup de miracles opérés par son entremise parmi lesquels je citerai celui-ci : Un jour, étant obligé de traverser le fleuve nommé le Lycus qui était alors débordé, il pria Théodore qui était avec lui de s’éloigner afin de ne pas voir les autres nus pour traverser le fleuve à la nage. Lorsque Théodore se fut retiré, il eut honte de lui-même de se voir nu ; tandis