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Antoine était heureux de contempler cette ferveur des moines et de voir sa sœur, qui avait vieilli dans la virginité, gouverner aussi d’autres vierges. Après avoir passé quelques jours dans ces monastères, il retourna de nouveau à sa montagne. Depuis cette époque, un grand nombre de personnes allèrent l’y visiter ; beaucoup de malades même osèrent entreprendre ce voyage. Il répétait le même conseil à tous les moines qui venaient le trouver, d’avoir foi dans le Seigneur, de l’aimer, de se garder des pensées déshonnêtes, de fuir les plaisirs de la chair, d’éviter la vaine gloire et de prier continuellement. Tels étaient les conseils qu’il donnait à ceux qui venaient le voir ; il avait une grande compassion de ceux qui souffraient et priait avec eux ; souvent le Seigneur l’exauçait en faveur d’un grand nombre de personnes, mais il ne s’enorgueillissait pas lorsqu’il était exaucé ni ne murmurait lorsqu’il ne l’était pas ; toujours il rendait grâces à Dieu et exhortait les malades à la patience et à être persuadés que ce n’est ni lui ni aucun homme qui puisse guérir les maladies, qu’il n’y a que Dieu qui accorde cette grâce quand il le veut et à ceux qu’il veut. Les malades recevaient les paroles du vieillard comme une guérison, sachant qu’il ne faut pas se décourager, mais plutôt prendre patience, et ceux qui étaient guéris avaient appris que ce n’était pas à Antoine qu’il fallait rendre grâces, mais à Dieu.

Un nommé Fronton, officier du palais, avait une maladie cruelle, car il mangeait sa langue avec les dents et était sur le point de perdre la vue. Il vint sur la montagne et supplia Antoine de prier le Seigneur pour lui ; le vieillard, après avoir prié, lui dit : Allez-vous-en et vous serez guéri. Comme Fronton insistait et demeurait plusieurs jours, Antoine ne cessait de lui dire : Tant que vous resterez ici, vous ne pourrez pas être guéri, allez-vous-en, et à votre arrivée en Égypte vous verrez le prodige qui sera opéré en vous. Celui-ci,