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hôtes déguenillés et squalides. Oui, c’est maintenant que Londres se livre à vous, dans toute sa solennité ! — Sur les bancs des parcs, dans les niches des ponts, sur la litière des marchés, arrive, se presse, s’entasse pêle-mêle un peuple entier de malheureux sans asile, sans pain, sans vêtements. »

« Sous le vestibule des palais, sous le péristyle des maisons, se groupent, se pelotonnent de pauvres enfants demi-nus, qui dans la journée n’ont pu obtenir le sou que coûte le lit des plus infâmes taudis. Plus loin, d’autres cherchent à réchauffer leurs membres glacés, auprès de la flamme qui éclaire les pierres empilées au milieu du chemin. Le silence des rues n’est plus troublé que par la marche d’un peuple innombrable de mendiants et de ces pâles et misérables créatures qui grelottant de froid, espèrent arracher un morceau de pain au vice attardé. »

« Pendant ce temps, des milliers de jeunes filles luttent contre le sommeil, la maladie, le froid et la faim, pour tenir leur aiguille dans leurs doigts raidis par quinze heures de travail. Pendant ce temps des vieillards frappent vainement à la porte du work-house, leur dernière ressource. Pendant ce temps, des hommes et des femmes succombent d’inanition ou s’arrachent la vie pour échapper au besoin. Pendant ce temps, des mères remercient la mort d’avoir enfin mis un terme aux privations et aux tortures de leurs enfants. Oui : l’aspect de Londres est vraiment solennel alors, quand la faim s’y promène et tue hommes, femmes et enfants à la porte des palais aristocrates. »

Un des membres du gouvernement Français sous la république de 1848, exilé en Angleterre, s’écriait dans son ouvrage sur ce pays, après avoir lu le rapport de l’Enquête, et en avoir fait l’épreuve sur les lieux mêmes, en parlant de