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des sonnets


Sonnet d’Vranie




Il faut finir mes iours en l’amour d’Vranie,
L’abſence ni le temps ne m’en ſçauroient guérir,
Et ie ne voy plus rien qui me pût ſecourir,
Ni qui ſeuſt r’appeller ma liberté bannie.

Dés long-temps ie connois ſa rigueur infinie,
Mais penſant aux beautés pour qui ie dois périr,
le bénis mon martyre, & content de mourir
le n’oſe murmurer contre ſa tyrannie.

Quelquefois ma raiſon, par de foibles diſcours,
M’incite à la reuolte, & me promet ſecours ;
Mais lors qu’à mon beſoin ie me veux ſeruir d’elle,

Apres beaucoup de peine, & d’efforts impuiſſans,
Elle dit qu’Vranie eſt ſeule aymable & belle,
Et m’y r’engage plus que ne font tous mes ſens.


Voiture.