Page:Asselineau - Le Livre des sonnets.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
des sonnets


Sur la mort du fils de l’Autheur




Que mon Fils ait perdu ſa deſpoüille mortelle,
Ce fils qui fut ſi braue, & que i’aimay ſi fort :
Ie ne l’impute point à l’iniure du fort,
Puis que finir à l’homme eſt choſe naturelle.

Mais que de deux moraux la ſurpriſe infidelle
Ait terminé ſes iours d’vne tragique mort,
En cela ma douleur n’a point de reconfort :
Et tous mes ſeniimens ſont d’accord auec elle.

Ô mon Diev, mon Sauueur, puiſque par la raiſon
Le trouble de mon ame eſtant ſans gueriſon,
Le veu de la vengeance eſt vn veu legitime,

Fais que de ton appuy ie fois fortifié :
Ta Iuſtice t’en prie ; & les autheurs du crime
Sont fils de ces bourreaux qui t’ont crucifié.


François de Malherbe.