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XXXIII
du sonnet


qui leur ſemblait puérilement tyrannique ? Eſt-ce ſimplement une conſéquence de leur première éducation littéraire ? Dans tous les cas, le Sonnet a pour ſe conſoler de ces dédains les noms des grands hommes qui l’ont cultivé : Dante, Pétrarque, Shakeſpeare, Corneille, Milton, Ronſard, &c.

M. Sainte-Beuve, qui a tenté d’être le Du Bellay du xixe siècle, a compoſé dans ſa jeuneſſe un Sonnet apologétique où ſont raſſemblés les noms des poètes français & étrangers qui ont écrit des Sonnets :


Ne ris point des ſonnets, ô Critique moqueur[1] !

. . . . . . . . . . . . . . .

Et l’on en fait plus d’un de notre vieux Ronſard.


Je remarque, en transcrivant ce dernier vers, que je n’ai pas cité un ſeul Sonnet de Ronſard, non plus que de Du Bellay, ni de Malherbe qui en a fait d’excellents.

J’aurais dû peut-être, pour n’omettre aucun rayon de cette apothéoſe du Sonnet, rappeler les recompenſes faſtueuſes accordées à certains Sonnets célèbres par de grands rois & de grands hommes : les trois mille livres données à Achillini par Richelieu, pour le Sonnet ſur la Priſe de la Rochelle[2] ; les trente mille livres payées par Henri IV à Deſportes, pour le Sonnet de Diane & Hippolyte.

  1. Voyez le Sonnet p. 68 de ce recueil.
  2. Voyez ce Sonnet aux Notes & Variantes, p. 165.