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appendice


en liſant les Sonnetz faictz par les ſçauans poëtes plus clairement que regle ne moy ne te pourrions montrer.

« Tant y a que le Sonnet auiourd’huy eſt fort vſité, & bien receu pour ſa nouueautc & ſa grâce : & n’admet ſuyuant ſon poix autres vers que de dix ſyllabes. »

(Art poétique françoys, pour l’inſtruction des ieunes ſtudieux, & encor peu avancez en la Poëſie Françoyfe… A Paris» Par la veuſue Françoys Regnault, à l’Enſeigne de l’Élephant. 1555. — Second liure, chap. ii, Du Sonnet.)

Cet Art poétique eſt de Thomas Sibilet.



II


       Loin ces Rimeurs craintifs, dont l’eſprit phlegmatique
Garde dans ſes fureurs un ordre didactique :
Qui chantant d’un Heros les progrès éclatans,
Maigres Hiſtoriens, ſuivront l’ordre des temps.
Ils n’oſent un moment perdre un ſujet de veuë.
Pour prendre Dôle, il faut que l’Iſle ſoit renduë ;
Et que leur vers exact, ainſi que Mezeray,
Ait fait déjà tomber les remparts de Courtray.
Apollon de ſon feu leur fut toujours avare.
       On dit à ce propos, qu’un jour ce Dieu bizarre
Foulant pouſſer à bout tous les Rimeurs François,
Inventa du Sonnet les rigoureuſes loix ;
Voulut, qu’en deux Quatrains de meſure pareille
La Rime avec deux ſons frappaſt huit fois l’oreille,